12 novembre 2006

Les positions se radicalisent au Québec.

Hier, Michel Vastel écrivait dans le Journal de Québec:

"Un sondage révèle que les Canadiens seront encore moins tentés de voter pour un parti qui reconnaîtrait le Québec comme une nation. Encore moins s'il voulait écrire cela dans la Constitution. Mais d'où vient ce blocage ? Une analyse du débat sur la nation, réalisée par Influence Communication, révèle que 21 % des articles publiés au Québec, et 12 % des articles dans le reste du Canada, viennent respectivement de The Gazette et du Globe and Mail - une proportion très supérieure à leur poids réel. Ce sont aussi les plus farouches adversaires de la proposition des libéraux québécois.
Il faut ajouter à cela l'effet pervers de la ligne éditoriale de La Presse. Autrefois, ce journal était celui de tout le monde, chacun dans la maison se partageant son cahier, selon ses goûts.
Au plan politique, libérale et fédéraliste, La Presse ne rejetait aucune idéologie. Mais depuis que les pages d'opinion ont été placées sous la direction d'André Pratte, La Presse rejette, bannit, méprise. En gros, le message de Pratte aux Québécois est devenu : «Vous n'êtes capables de rien de bon. Regardez ce que font les autres, c'est tellement mieux ! Et n'allez surtout pas vous plaindre puisque vous êtes responsables de votre malheur. Alors, le débat sur la nation, ne vous mêlez pas de ça, c'est pour les grands...» On se demande même comment, commercialement, Paul Desmarais y trouve son compte tant les opinions de La Presse excluent de monde !
On en rirait si ce n'était aussi déplorable et méchant. J'attends avec impatience le chef qui mettra son poing sur la table et dira : «C'est assez !»"

Ceci a fait réagir (pour ne pas dire sauter les plombs) André Pratte. Avec raison. Il écrit, dans son éditorial d'aujourd'hui:

"Certains militants indépendantistes descendent plus bas. Dans un texte récent, le cinéaste Pierre Falardeau écrit à mon sujet: "le célèbre relationniste de presse de l'empire Power Corp."; "ce chien savant", "sa constance à l'a-plat-ventrisme et à la soumission"; "ce roi de la génuflexion", etc. L'objectif de telles attaques personnelles saute aux yeux: intimider les Québécois qui osent contester les thèses souverainistes avec autre chose que des arguments bêtes et des campagnes de drapeaux.
Mauvaise nouvelle pour les Vastel et Falardeau de ce monde, nous ne nous tairons pas."

Tout d'abord, M. Vastel devrait lire plus souvent mon quotidien préféré: depuis plusieurs années André Desmarais en est le président du conseil d'administration. Ensuite, La Presse est un des meilleurs journaux canadiens (notez bien que je pense nord-américains mais je ne veux pas exagérer). La transformation des pages éditoriales en pages "Forum" lui permet une qualité et un spectre d'opinions que peu d'autres quotidiens réussissent à égaler. Les chroniqueurs vedettes d'autres publications (aujourd'hui Jeffrey Simpson), les intellectuels de toutes allégeances, les experts et les simples citoyens se partagent ces pages qui sont devenues un instrument essentiel du débat politique ici.

Le retentissant "Nous ne nous tairons pas" de André Pratte pourrait devenir le slogan de La Presse et de tous ceux qui demandent un débat sérieux et démocratique exempt des tentatives d'intimidation et des attaques personnelles que nous rencontrons trop souvent sous la plume des indépendantistes.

La présidente

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